Cohésion groupe TACOS + BOWLING
Le 30/10/2017
Assurer la cohésion d’un groupe
« Nous n’avons pas joué en groupe », « Il n’y avait aucune cohésion au sein de l’équipe aujourd’hui ». Ces phrases sont redondantes dans le monde du sport, de l’entreprise, en politique... La cohésion est une problématique centrale lorsque l’on aborde la question d’un groupe visant des objectifs particuliers.
Cette préoccupation relative à la cohésion de l’équipe se retrouve dans les discours de nombreux sélectionneurs nationaux : Onesta, Deschamps, Saint André… Ainsi, le « vivre ensemble » apparait de plus en plus important dans l’atteinte de la performance et cette donnée devient essentielle dans le choix et la sélection de joueurs pour constituer un groupe, quel que soit son niveau.
Mais quel rôle exact peut jouer la cohésion dans l’atteinte de la performance ? Comment peut-on permettre à chacun de s’épanouir au sein d’un groupe ?
Qu’est-ce que la cohésion ?
En psychologie du sport, on peut définir la cohésion de groupe comme « un processus dynamique reflété par la tendance du groupe à rester lié et à rester uni dans la poursuite de ses objectifs instrumentaux et/ou la satisfaction des besoins affectifs des membres » (1). Aussi, étymologiquement, la cohésion vient du latin cohaesus qui signifie « rester ensemble ».
Ainsi, l’entraîneur qui prend en charge une nouvelle équipe, avec de nouveaux joueurs qui arrivent d’horizons différents avec une expérience, une culture voire une langue différente, doit rechercher très rapidement à les intégrer pour qu’ils « restent ensemble » mais également à se positionner dans le relationnel qu’il va instaurer avec le groupe.
Dès lors, plusieurs difficultés, auxquelles l’entraîneur aura à faire face apparaissent et notamment: comment arriver à rester lié et uni dans la poursuite d’objectifs communs tout en s’assurant que les besoins affectifs de chaque membre de l’équipe soient satisfaits ?
Cohésion « opératoire » et cohésion « sociale »
Deux types de cohésion ressortent : il y a ce qu’on appelle la cohésion «opératoire», celle qui est centrée sur la tâche à accomplir, et la cohésion « sociale », celle qui est centrée sur les aspects affectifs, l’entente des joueurs entre eux, la satisfaction de leurs besoins personnels… Ce qu’on peut dire, c’est qu’un groupe peut être réellement qualifié de cohésif si ses membres prennent plaisir à se côtoyer (cohésion sociale) et s’ils œuvrent en même temps à l’atteinte d’un but collectif (cohésion opératoire).
Actuellement, les aspects « opératoires » sont plus largement développés par la plupart des entraîneurs, accordant une part plus importante au travail technique, tactique, stratégique qu’au travail « social ». Aussi, le développement des relations interindividuelles est bien souvent négligé, ce qui va à l’encontre du bien-être de l’individu mais également d’une performance à long terme.
La satisfaction des besoins personnels
Un individu va pouvoir s’engager pleinement et durablement dans un projet uniquement si l’ensemble de ses besoins est satisfait.
Pyramide des besoins de Maslow
Ainsi, un athlète qui a des problèmes de sommeil ou qui a eu des problèmes pour se restaurer ne pourra être performant. De la même manière, un sentiment de sécurité et de confort physique comme relationnel importe beaucoup dans la vie de groupe. C’est que l’on qualifie volontiers de « vie de groupe ». L’estime de soi, croire en son pouvoir de réussir est également une clef importante de l’atteinte de performance. La hiérarchisation des besoins humains illustrés dans la pyramide de Maslow (2) nous renseigne à ce sujet.
Ainsi, lors des séances vidéo où souvent les entraîneurs ont tendance à montrer ce qui ne va pas et les différentes erreurs commises par les joueurs, il est possible de faire un montage en sélectionnant des séquences positives, d’un match ou de plusieurs matchs, afin de montrer ce que l’équipe est capable de réaliser. Il s’agit ici de fédérer toute l’équipe derrière l’idée qu’elle est pleine de ressources et qu’elle peut se transcender dans les moments importants.C’est également leur montrer qu’ils peuvent avoir confiance entre eux et que vous leur accordez beaucoup d’estime, que vous les respectez et reconnaissez leurs qualités. La cohésion du groupe passe par la confiance mutuelle entre les joueurs et entre l’entraîneur et les joueurs.
Améliorer le vivre ensemble
Une autre difficulté que rencontre l’entraineur : comment développer l’aspect « social » du groupe afin qu’il vive bien ensemble ? Quels sont les outils possibles à l’entraîneur pour créer du lien ?
Pour cela, les stages de présaisons peuvent être un moyen de faire vivre ensemble un collectif de joueurs qui ne se connaissent pas. L’idée de ces stages est de créer de nouvelles relations, de nouvelles affinités, de leur faire vivre des émotions qu’ils n’auront partagées qu’entre eux, d’intégrer des valeurs et un cadre de vie que le staff et les joueurs auront co-défini. C’est sur cette base que l’entraîneur peut commencer à travailler la cohésion de groupe et définir une certaine identité. Il faut que les joueurs se retrouvent dans la philosophie de jeu mais également dans le processus d’acquisition du jeu.
Tout d’abord, c’est à l’entraîneur de créer des relations interindividuelles qui doivent être basées sur l’échange, l’écoute et le respect. Ce cadre doit être le socle des relations entraîneurs joueurs et entre les joueurs.
Ensuite, vient naturellement la question de la confiance et de la transmission. Gagner la confiance des joueurs revient à s’engager dans un processus qui passe par l’honnêteté intellectuelle. C’est-à-dire, qu’il s’agit d’organiser des entretiens individuels, en plus des temps off des entraînements (discussions dans les vestiaires, les transports…), pour définir avec l’athlète ce que l’on pense de lui tant sur le plan sportif que sur le plan humain et lui fixer des objectifs sur ces deux plans. En retour, il faut également écouter l’athlète, sur ses motivations et ses ambitions.
Ainsi, au niveau professionnel, un joueur qui vise l’équipe de France se doit de l’afficher et de l’assumer aux yeux du groupe, du staff et du club. De la même manière, au niveau amateur, un joueur qui ne pourrait assumer toutes les charges d’entrainement de la semaine, se doit de le dire à l’entraineur mais également aux coéquipiers pour que la situation soit claire par exemple lors des choix effectués lors des compositions d’équipe.
Cependant, l’entraîneur doit savoir que la cohésion de groupe fluctue dans le temps au gré de divers facteurs renforçant ou diminuant son niveau. Autrement dit : « rien n’est acquis, et tout peut encore être fait ».
Conclusion
La cohésion d’une équipe semble se substituer aux problématiques du mental ou à tout autre aspect d’ordre psychologique. Tout se passe comme si la qualité de la dynamique de l’équipe était le socle des performances individuelles. Le « choix des hommes » dans la constitution d’une équipe ou d’une sélection prime alors sur d’autres aspects du jeu.
C’est ainsi que la sélection de joueurs objectivement moins performants que d’autres s’est révélée surprenante pour le grand public : Chimbonda pour la coupe du monde football 2006, Lakafia pour la coupe du monde de rugby en 2011… D’autres, sont mêmes sélectionnés pour ne pas faire d’ombre au titulaire ou pour conforter la place et la confiance de l’entraîneur dans son choix du numéro un.
En conséquence, on voit bien que ce qui fédère rend plus fort, et que l’unité d’une équipe est plus forte que la simple addition des talents. Aussi, c’est à l’entraîneur que revient la lourde tâche de garantir ce vivre ensemble au mépris de certaines critiques extérieures.
« Personnellement, je vois l’équipe comme un tissu complexe de compétences et d’émotions où il est difficile d’évaluer les mécanismes de stagnation et de régression. Une équipe marche bien s’il y a une part conséquente d’éléments de liens, d’écoute, d’amour, de joie d’être ensemble, ces choses qui font que l’on se transcende naturellement. Regardez l’équipe de France de football de 1998-2000 : les liens comptaient plus que les compétences. En 2002, c’était l’inverse.
Ma préoccupation, quand j’étais entraîneur, était toujours d’extraire le meilleur potentiel relationnel d’un mélange de personnalités. Sur le terrain, il fallait des guerriers, des artistes, des stratèges.» Daniel Herrero